« Je suis moins innocente qu’avant. Maintenant je joue le jeu en sachant que je vais en tirer quelque chose. Le fait d’exploiter ma vie me rapporte dans tous les sens du terme. »

– Sophie Calle –

 

C’est devenu un réflexe, la photo autrefois prise le vif est désormais savamment composée, le but : faire un beau post sur Instagram.

Application développée en 2010 et sous l’égide de Facebook, ce réseau social fait la part belle à l’image, proposant de partager photos et courtes vidéos avec sa communauté. Forte de 600 millions d’utilisateurs, Instagram est une tentaculaire machine à produire des histoires.

Facile d’utilisation et ludique, on peut se demander si le véritable ressort d’Instagram ne réside pas pourtant ailleurs, dans la satisfaction de l’ego. Car qu’on soit visible (le fameux selfie) ou pas sur ce que l’on poste, c’est toujours notre vie que l’on met en scène.

Un autocentrisme pernicieux et qui nous pousse à réfléchir notre quotidien en potentiel de moments exploitables. Filtres, messages, icônes et hashtags, tout a été prévu pour que le démiurge de soi puisse sublimer son café du matin ou ses vacances à la plage. Une hyper-vie esthétisée à outrance et où il est moins question de partager que de théâtraliser.

Des instants de notre quotidien saisis, coupés, montés, en somme scénarisés. Des stories qu’on aimerait être nos vies mais qui n’en sont que des représentations. Une démarche qui cache en son sein une profonde contradiction, comment peut-on en effet créer de l’authenticité ?

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