Du 7 au 12 juillet, se tiendront à Strasbourg, les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL).
Sous l’impulsion de l’association Hackstub, parrainée et accueillie par le Shadok dans le cadre de son hackerspace, et avec le soutien d‘alsace.netlib.re, cette semaine d’ateliers, de débats et de rencontres, se tiendra en partie au Shadok.
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Pour Harmonie Vo Viet Anh et Jérémie Wojtowicz de Hackstub, cet événement prend avant tout place sous le signe de la convivialité, « on a aboli les privilèges de la reine conférence », nous confie Harmonie.
La grande nouveauté cette année, sera en effet la mise en place de salons, à l’image des plateformes de conversations sur Internet et qui permettront de rassembler « tous les concernés, des utilisateurs aux techniciens », confirme Jérémie. Pas forcément de « superstar du logiciel libre » donc, mais une approche semblable à celle des ateliers hebdomadaires que tient l’association. Un moment d’échange et de partage entre curieux et passionnés, tous animés par la même volonté de rendre accessible au plus grand nombre la création, quelle qu’elle soit.
Les RMLL, qui rassemblent près de 5000 visiteurs, auront pour thème cette année l’éducation numérique. La question sera de savoir si ce nouveau medium nous émancipe ou, au contraire, nous emprisonne.
« L’éducation au numérique et par le numérique », précise Jérémie, car il s’agit ici d’aborder les nouvelles technologies comme des outils multiples et réfléchir ainsi à ceux qui nous conviennent le mieux. « Nous on promeut le choix, pas seulement ce que les multinationales imposent », bataille Harmonie. Des logiciels libres donc, loin des systèmes clos des géants de l’informatique qui, en plus d’être formatés, formatent nos comportements. « C’est comme donner une pelle à quelqu’un, en lui disant : tiens, avec ça tu peux creuser des trous. Mais on ne lui demande pas s’il a envie de creuser des trous ! ». Une métaphore d’Harmonie que vient soutenir Jérémie en nous rappelant que « l’éducation est faite pour nous émanciper de notre condition (…) en utilisant des logiciels libres, on s’habitue à des mécanismes d’abstraction ».
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Des logiciels libres et qui libèrent ; en abandonnant le sacro-saint droit d’auteur, on ouvre en effet le partage aux autres, « on crée du commun et dans le même temps on déplace la valeur, elle n’est pas intrinsèque au produit lui-même, mais à sa valeur ajoutée », explique Harmonie. Libre, mais pas nécessairement gratuite, cette nouvelle approche doit permettre de « changer notre manière de concevoir l’économie de la culture ».
Harmonie rappelle ainsi que cette économie libre existe depuis longtemps, les moines copistes conservaient les manuscrits à travers les âges en les reproduisant, les augmentant au passage de nouvelles interprétations et d’enluminures. « En France, le droit d’auteur date de 1790, aux Etats-Unis, le copyright n’existe que depuis un siècle », continue-t-elle, « le désintérêt économique du libre, c’est de la propagande », finit-elle par assener. Une omerta soigneusement mise en place par les grands éditeurs qui voient d’un mauvais œil la perte de leurs précieux droits et l’ouverture au partage pour tous.
Pour les hackers, la dynamique du libre est au contraire humaniste, plus qu’une posture, le partage des créations devrait être un droit. Selon Jérémie, le but des RMLL est là, éveiller les gens aux enjeux du libre, fédérer la communauté des libristes et s’organiser pour « défendre cette culture du commun de façon structurée ». Un combat pour tous et par tous pour un monde sans monopole et une créativité sans limite.
Les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, du 7 au 12 juillet, proposées par alsace.netlib.re, la Fédération du Libre et du Hack en Alsace.
Où : Université de Strasbourg (Escarpe, Atrium, Platane), Médiathèque Malraux et Shadok.
Entrée libre