« La frontière entre science-fiction et réalité sociale est une illusion d’optique »

– Donna Haraway –

 

Depuis début avril, le Shadok abrite les projets de six créatifs, artistes, designers, scientifiques ou encore entrepreneurs. Le but : suivre, documenter et retransmettre au public les avancées de leurs recherches.

jLes résidents étayeront leurs travaux grâce aux interventions d’experts extérieurs lors de rendez-vous ouverts au public du 10 au 29. Les curateurs de cette hyper-école, Marine Froeliger et Michel Jacquet  considèrent cette résidence comme un « croisement entre l’art et la science, une véritable école de recherche théorique, avec ses hyper-classes et son hyper-programme ».

Le thème de cette étude pour l’année 2018 est celle des hyperfaces, ou l’utilisation des interfaces dans notre quotidien. Michel définit cette notion d’hyperface comme « une nouvelle interface, plus complexe », une véritable « architecture numérique » qu’on utilise pourtant tous les jours, sans même nous en rendre compte, en touchant l’écran de notre smartphone ou en consultant notre compte Instagram.

Des interfaces faciles d’utilisation mais en réalité à la conception toujours plus complexe et qui s’immiscent dans notre quotidien, façonnant insidieusement nos habitudes, voire notre rapport au monde.

Amazon et sa reconnaissance faciale permettant des achats en un clin d’oeil, Google Home et son intelligence artificielle répondant à la voix humaine et la Réalité Augmentée s’invitant dans nos jeux vidéo. Des dispositifs et des usages qui, derrière leur aspect pratique, cachent pourtant un réel changement de paradigme et soulèvent de cruciales questions éthiques.

« Il faut saisir l’hyper-complexité du changement qui arrive, se demander comment on peut maîtriser ça », prévient Michel. L’interface, le dispositif permettant la communication entre deux éléments, revêt ainsi une dimension quasi politique, son utilisation soulevant des questions épineuses.

Qu’en est-il de la protection de nos données personnelles ? Nos libertés individuelles sont-elles préservées ? Dans quelle mesure notre rapport à la réalité s’en trouve bouleversé ? De là, l’urgence d’interroger non seulement les outils et usages actuels mais aussi les artefacts qu’on s’apprête à inventer.

Les hyperfaces, ce sont toutes ces interactions que les interfaces génèrent maintenant mais aussi « celles qui seront générées dans le futur », précise Marine. Réfléchir, plus qu’aux applications, aux implications des nouvelles technologies de l’information, c’est pour Michel « une posture activiste, un acte civique ».

Les contours de notre futur se dessinent dès aujourd’hui ; il est important d’en prendre conscience, de se saisir des enjeux et d’investir le débat pour un éveil collectif.

Hyperfaces : état des lieux

« La science manipule des choses et renonce à les habiter »

– Maurice Merleau-Ponty –

Interactions totales, les hyperfaces sont partout dans notre vie. Il convient de cerner le fonctionnement de ces nouveaux dispositifs afin de mieux saisir leurs enjeux et développer ainsi des outils critiques appropriés pour les interroger.

De l’hyperface complètement assimilée, a celle en devenir, en passant par nos comportements quotidiens, l’hyper-connectivité a d’ores et déjà une histoire. Histoire à étudier car nous y sommes intimement liés ; si l’on ne s’occupe pas de la technologie, la technologie, elle, s’occupera de nous.

1. Hyperface assimilée : le smartphone, la révolution ubiquiste

2. Hyperfaces en cours : Instagram, nos vies 2.0

3. Hyperfaces à venir : La Réalité Augmentée, l’illusion comme horizon

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